Pour les articles homonymes, voir Saadia Gaon (homonymie).
Saadia Ben Yosseph Gaon (
882 ou
892–
942), selon les textes hébreux (
Hébreu הידעס ןב ףסוי ןואג) ou
Sa`īd bin Yūsuf al-Fayyūmi (
Arabe سعيد إبن يوسف الفيّومي), ainsi qu'il signait lui-même, dit le
Rassag (
ג״סר), était un
Rabbin éminent de la période
gaonique.
Exégète, traducteur, grammairien, et philosophe du judaïsme, il passe pour le pionnier ou à tout le moins le premier à fournir une approche systématique dans ces domaines. Autorité largement incontestée de l'ensemble des communautés juives du monde musulman, il a acquis une importance à laquelle nul d'autre ne put prétendre que Moïse Maïmonide. Il est de nos jours particulièrement remémoré comme le plus brillant des directeurs de l'académie talmudique de Soura, voire des Sages de cette ère, ainsi que l'un des penseurs les plus profonds de l'école du « Kalam juif » (Stroumsa 2003), dont le grand-oeuvre philosophique, Emounot veDeot représente la première tentative systématique d'intégrer à la théologie juive certaines composantes de philosophie grecque, et surtout comme l'initiateur et principal artisan de la récession du Karaïsme au sein du monde juif, une importante partie de son oeuvre devant être lue à la lumière de cette activité.
Biographie
Si l'historicité de Saadia ne fait pas de doute, rien n'est connu de lui en dehors de sa période d'activité.
L'un des premiers témoignages sur le Gaon et son époque est le fait d'un autre Gaon, Sherira bar Ḥanina, dans une lettre circulaire initialement destinée à la communauté de Kairouan, sur l'histoire de la Mishna et du Talmud. Son contenu, repris par Abraham ibn Dawd Halevi dans son Sefer HaQabbala, sera la base de l'historiographie traditionnelle de Saadia. Un autre témoignage contemporain, celui de Nathan HaBavli, également rédigé à l'intention des Juifs de Kairouan, et intégré à une édition des Youḥassin d'Abraham Zacuto, se focalise davantage sur les exilarques et leur époque. Légèrement antérieur au précédent, il est suivi par les historiens de la Wissenschaft des Judentums, dont Graetz et Weiss, qui prennent en compte d'autres sources, notamment dans la littérature polémique. Cette historiographie moderne est enrichie par les manuscrits exhumés de la Gueniza du Caire au début du XXe siècle: ils ont apporté de nombreux éclaircissements, dont certains permettent de corriger des informations comme la date de naissance de Saadia.
Jeunes années
Sur les jeunes années, la famille et la formation de Saadia, rien ne peut être considéré comme certain, sinon sa région de naissance, l'épithète d'"Al-Fayyoumi," "Pithomi" en hébreu, tendant à indiquer qu'il serait né dans le district de
Fayyoum en
Égypte, celle-ci étant identifiée à l'époque, et par Saadia lui-même, au lieu biblique de
Pithom. D'après l'historiographie traditionnelle, Saadia naît à Dila
ẓ, un village dans la région d'Abou Souweir, dans une famille pieuse et instruite. Il compte des personnages illustres dans son ascendance, dont
Hanina ben Dossa, un
Hassid du
Ie siècle célébré dans maints récits du
Talmud, raison pour laquelle il nomme l'un de ses fils
Dossa et, peut faire remonter son lignage à Shelah fils de
Juda. Cependant, cette version des faits se base sur son "
Sefer haGalouï," un livre apologétique écrit en réaction à des rumeurs répandues par ses adversaires, selon lesquelles sa famille se serait en réalité convertie au judaïsme de fraîche date; son père, modèle de débauche, aurait été
Muezzin, boucher ou barbier, avant d'être contraint de quitter l'Égypte pour mourir misérablement à
Jaffa, probablement au cours du long séjour de Saadia en
Terre d'Israël.
Henry Malter, qui a analysé ces assertions, ne juge ni implausible ni dégradant que Saadia ait pu descendre de prosélytes; il fait toutefois montre d'un certain scepticisme, ces assertions émanant d'adversaires acharnés, étant revenus sur leurs dires lors de la résolution du conflit.
Saadia quitte le foyer familial encore jeune, pour étudier auprès des maîtres de Tibériade, dont un certain Abou Kathir Yaḥia al Kathib, dont on ne connait rien, si ce n'est par une mention d'Al Masudi, qui aurait disputé avec lui en Palestine, qui pourrait avoir été un Massorète, et aurait enseigné à Saadia le niqqoud et la massora, bien que le théologien Ibn Hazm compte Abu Kathir aux nombres des Mutakallimûn juifs, et qu'il semble ressortir des écrits d'Al-Masudi qu'Abu Kathir était un philosophe. Saadia rencontre sans doute des écrivains mahométans, ainsi que des Karaïtes instruits, ce qui influencera sa production, surtout polémique, ultérieure.
On ignore comment il a acquis ses connaissances antérieures: si l'on sait que Saadia échange dans sa jeunesse une correspondance avec le philosophe néoplatonicien Isaac Israeli, et que l'on pense qu'il a rencontré David ibn Merwan Al-Mukkamas, rien ne permet d'indiquer avec certitude qu'ils l'aient inspiré; par ailleurs, l'Égypte de son temps était un terrain favorable à l'apprentissage des sciences et un terreau fertile pour le Karaïsme, mais elle n'avait pas produit de talmudiste d'envergure. Dans les milieux traditionnels, on se base sur la lettre de Sherira pour penser que le premier maître de Saadia fut son père. Les karaïtes lui supposent, dans un but polémique évident, un maître karaïte, peut-être même Salman ben Yerouḥam, son contemporain et futur antagoniste; Certains pensent que Saadia se développa par sa seule intelligence.
À 20 ans, il compose son premier grand ouvrage, un dictionnaire hébreu intitulé Agron et, à 23 ans (selon un verset dans le Yessod Mispar d'Abraham ibn Ezra), le Livre de la Réfutation d'Anan, attaque en règle contre Anan ben David et ses disciples, les karaïtes. La lutte de Saadia avec le Karaïsme en général, et Salman ben Yerouḥam en particulier, commence. Elle durera toute sa vie. Cette même année, il quitte l'Égypte définitivement, et s'installe en Terre d'Israël, par suite, selon certains, de représailles de la part de Karaïtes.
La dispute du calendrier
Article détaillé : .En 921, le Rav Aaron ben Meïr, Nassi de la communauté palestinienne, directeur de la yeshiva de Ramle, instaure une modification de la règle du dehiya molad zaken qui décide de la postposition de la date du Nouvel An juif, si le molad (la conjonction lunaire) se produit à midi ou plus tard. Selon sa règle, non seulement le Nouvel An, mais aussi Pessa'h et les fêtes qui en découlent, devaient être, en 922, 923 et 927, célébrées deux jours plus tôt que ne le prévoient les calculs des Sages babyloniens.
La mise à jour de diverses pièces de la Gueniza du Caire, comportant de nombreuses missives tant de Saadia que de Ben Meïr, permet de reconstituer une dispute qui dura cinq ans au moins. Saadia se trouve à Alep, lorsqu'il est mis au courant de l'affaire. Il adresse incessamment plusieurs missives à Ben Meïr, en tentant de lui démontrer que le calendrier établi depuis 400 ans est correct, et l'avertissant de ne pas chercher à le changer, comme il l'écrit à ses élèves en Égypte, lettres restées sans effet, ainsi qu'il le constate en arrivant à Bagdad: Ben Meïr a proclamé la règle officiellement, à une date inconnue (probablement Hoshanna Rabba, jour de rassemblement traditionnel des Juifs en Terre d'Israël de l'an 4682, c'est-à-dire 921 dans le calendrier grégorien), causant beaucoup de tracas aux Gueonim. Ceux-ci, ainsi que l'Exilarque de l'époque, David ben Zakkaï et, probablement, Saadia, lui adressent une lettre officielle dont la teneur est similaire à la première lettre de Saadia. Les Gueonim rédigent également des lettres circulaires adressées à de nombreuses communautés, les priant de ne pas adopter l'innovation proposée. Saadia en fait autant, preuve du prestige dont il jouit déjà dans le monde juif.
Ben Meïr, cependant, fait peu de cas des lettres qui lui sont envoyées de Babylone, et envoie son fils réitérer à Jérusalem les changements proposés. Par ailleurs, il répond aux Gueonim et à Saadia en termes dérogatifs, affirmant que le calcul du calendrier devrait être laissé entre les mains des sages en terre d'Israël, comme auparavant. Dans une longue lettre à ses adhérents en Babylonie, il explique les raisons de ses réformes, vitupérant contre Saadia et « ses arrogants disciples. » Saadia, quant à lui, adresse une nouvelle missive à ses disciples, leur priant de se plier aux régulations des Gueonim, sans la moindre attaque contre Ben Meïr.
Ben Meïr, fort de sa réputation et de ses compétences d'Astronome, réussit à faire accepter sa règle par certaines communautés, qui célèbrent en 922 Pessa'h un dimanche, alors que les communautés de Babylone et celles qui en dépendent l'observent un mardi, le décalage se répercutant sur Chavouot, Roch Hachana, Yom Kippour et Soukkot. Les proportions de cet évènement sont telles qu'un historien syrien non-juif le mentionne dans ses chroniques.
La querelle s'envenime entre les partis, particulièrement entre Saadia et Ben Meïr. Les autorités babyloniennes, incapables de le contenir, envisagent de faire appel au gouvernement, puis, pour une raison inconnue, chargent Saadia d'écrire en 922, au plus fort de la crise, le Sefer Zikkaron ouMeguila LeDorot (Livre [de] mémorial et Rouleau pour les générations), à l'intention des communautés de la diaspora. Ce livre, dont il ne reste que des fragments, devait être lu le 20 Eloul. Il rappelle les méfaits de Ben Meïr depuis le début de la controverse, et est assorti d'un avertissement contre des troubles de ce genre à l'avenir. Par ailleurs, Saadia compose un ouvrage intitulé Sefer haMo'adim" ("Livre des Temps fixés"), où il réfute les arguments d'Aaron ben Meïr, moins pour des raisons arithmétiques, que pour préserver la communauté rabbinique d'un nouveau schisme, celle-ci ayant déjà subi la dissidence des karaïtes. Ces livres firent apparemment leur effet, puisque l'agitation se calma, et que Ben Meïr n'est plus mentionné lors des années suivantes.
Aaron ben Meïr avait-il cherché à profiter, comme le pensent certains, de la faiblesse de l'exilarche David ben Zakkaï, peu respecté par la population et contesté par le Gaon de Poumbedita, Mar Cohen Tzedek, pour le priver de l'une de ses plus importantes prérogatives, la fixation des fêtes et le calcul du calendrier, et ainsi redonner au centre palestinien sa primauté? Ou bien avait-il trouvé une méthode permettant d'optimiser la règle du dehiya molad zaken et souhaitait-il la faire appliquer de son vivant, le prochain décalage significatif n'ayant pas lieu avant 181 ans?
La question n'a pas été résolue. Il est en revanche certain que c'est à Saadia que l'on doit la défaite de Ben Meïr, ainsi que lui-même le stipule dans une lettre à ses partisans, que son intervention empêcha une guerre civile, et que son impact sur le calendrier actuel est tel que, des siècles plus tard, le Tossafiste Rabbenou Tam le décrit comme le père et le fondateur de la science du calendrier.
Cette controverse favorisa par ailleurs l'ascension de Saadia, l'assurant de la faveur de Ben Zakkaï, ce qui lui ouvrit la voie vers le gaonat.
Carrière académique et nomination au poste de Gaon
Les services rendus par Saadia en faveur de la cohésion communautaire, ainsi que la reconnaissance de ses compétences dans les domaines d'études scientifiques et juives, valent à Saadia d'être élevé au rang de
Resh Kalla à
Poumbedita en
Babylonie.
Sans cesser de polémiquer avec les Karaïtes, qui s'en prennent à leur tour au calendrier hébraïque, Saadia entreprend de restaurer auprès de ses étudiants, essentiellement arabophones, la compréhension de la Bible hébraïque, ainsi que de l'Hébreu lui-même et sa grammaire.
Il compose dans ce but l'une de ses oeuvres les plus importantes, le Tafsir (Arabe:تفسير), une traduction arabe de la Bible (bien qu'il n'y ait pas de citation des Chroniques) avec commentaire, permettant à la masse juive arabisée de renouer avec le Texte. La traduction et le commentaire sont écrits en caractères arabes, et non hébraïques, afin de les rendre accessibles aux intellectuels arabes non-juifs, qui peuvent ainsi se familiariser avec la Torah. Ce faisant, il ramène au judaïsme de nombreux Juifs envisageant de l'abandonner afin de pouvoir embrasser non pas l'Islam, mais la culture et l'éducation, qu'ils associent à lui. Visant à démontrer que les Sages du Talmud n'ignorent rien des Écritures, Le commentaire, s'appuyant sur la tradition et la philosophie, s'oppose à la fois aux interprétations ananites de la Bible et aux lectures littéralistes qui voudraient prendre les anthropomorphismes bibliques au premier degré; selon Graetz, malgré les qualités de la traduction, « comme elle cherche à mettre la Bible d’accord avec la tradition et les conceptions philosophiques de l’époque, elle fait souvent dire au texte plus et autre chose qu’il ne dit en réalité. » Parallèlement, afin de promouvoir la connaissance de l'hébreu, il rédige le "Kutub al-Lughah" (Arabe: كتب اللغة; en hébreu, "Séfer tzahut ha-lachon ha-'ivrit"), un ouvrage linguistique hébraïque, divisé en douze chapitres intitulés « Livres sur la Langue, » ayant pour but, ainsi qu'il l'écrira dans le Sefer HaGalouï, d'expliquer le "i'rab", c'est-a-dire la formation grammaticale de l'hébreu. C'est aussi à cette époque qu'il commence à composer son livre de prières en se basant sur le précédent d'Amram Gaon, visant là aussi à organiser un rituel et effectuer un tri parmi les variations de noussa'h et Minhag de chaque communauté, afin d'en proposer un seul, valable pour l'ensemble des communautés de la Diaspora juive. Il y inclut des morceaux de poésie liturgique, rédigés dans un style biblique et non dans celui, communément admis mais de compréhension difficile, d'Eleazar Hakalir, ainsi qu'un commentaire des prières et poèmes en arabe. Les morceaux de poésie les plus notables sont les "Azharot", sur les 613 commandements, et sont signés « Sa'id ben Yosseph Alouf. »
En 924, Yaaqov ben Natronaï, le Gaon de Soura décède, et doit selon la règle en vigueur parmi les académies de Babylone, être remplacé par un membre de son collège. Comme aucun membre ne s'est particulièrement distingué, l'on intronise son fils, Yom Tov Kahana bar Yaaqov, bien qu'il n'ait rien d'un Talmid hakham, et ne soit même pas érudit en Torah.
L'Exilarque David ben Zakkaï insiste, en 928, pour le nommer à la tête de l'académie de Soura, fondée par le premier Amora babylonien, Rav, malgré les nombreuses voix qui s'élèvent pour protester contre la nomination d'un "étranger", et l'opinion de Nissim Nahrwani, un Resh Kallah de Soura qui, malgré son admiration pour Saadia, craint que sa droiture morale et son refus des compromis ne créent des difficultés lors des disputes que la confrontation entre ces deux fortes personnalités que sont Saadia ben Yosseph et David ben Zakkaï ne pourra pas manquer d'entraîner.
Sous sa direction, l'académie retrouve de son lustre. Ayant fréquenté l'école mutazilite d'Al-Dubaï, il est le premier Gaon à maitriser la philosophie comme la tradition; certains le créditent d'être le fondateur de la philosophie religieuse médiévale, et de la "science juive" chez les Rabbanites. Maitrisant la littérature karaïte, il a entamé en 925 la première attaque sérieuse contre le Karaïsme, en publiant la Réfutation d'Anan. Dans la même optique, il rédige une traduction commentée en arabe de la Bible, démontrant que les Rabbanites n'ignorent rien des Écritures, et un commentaire du Sefer Yetzira. Enfin, dans le cadre de ses activités de directeur, Saadia découvre que des instituteurs utilisent des livres élémentaires basés sur l'enseignement de Hiwi al Balkhi, un Juif afghan dont les critiques et objections au nom de la raison portent non seulement contre la Torah orale, mais aussi contre la Torah écrite, raison pour laquelle il fut considéré hérétique non seulement par les Rabbanites mais aussi par les Karaïtes. Saadia décide non seulement d'interdire l'usage de ces livres, mais aussi de combattre les assertions d'Al Balkhi dans un livre, aujourd'hui perdu, intitulé Kitab al-Rudd ala Ḥiwi al Balkhi. Il y fournit des preuves logiques en faveur de la Torah selon la tradition et la philosophie grecque.
Son oeuvre et son influence sont alors telles que Moïse Maïmonide dira « Peu s’en fallut que la Torah ne disparût, s’il n’avait été là . »
Dispute avec David ben Zakkaï
Cependant, une dispute oppose le scholarque Saadia à l'exilarque David, ainsi que l'avait prédit Nissim Nahrwani; elle durera sept ans, et résultera en leur destitution réciproque: Saadia refusant de cautionner un verdict de l'exilarque, alors que le Gaon de Poumbedita l'a appuyé, le fils de l'exilarque tente d'obtenir l'obéissance de Saadia par la force; le servant de Saadia le molestant, le désaccord dégénère en guerre ouverte. David ben Zakkaï désigne Joseph ben Jacob à la tête de Soura, tandis que Saadia confère la dignité d'exilarque au jeune frère de David, Hassan (Josiah; 930). Hassan sera forcé de fuir, et mourra en exil dans le
Khorassan, sans que cela ne ramène le calme au sein du judaïsme babylonien. L'exilarque, ainsi que son principal soutien, le jeune mais érudit Aaron ibn Sarjadou (futur Gaon de Poumbedita, de 943 à 960), se répandent en pamphlets haineux contre Saadia, l'accusant par exemple d'avoir profané effrontément le
Chabbat, ou d'avoir des relations intimes avec des jeunes garçons dans sa chambre. Saadia ne manque pas de leur répondre.
Les dernières années
Durant les sept années que passe Saadia à
Baghdad, il compose ses principales oeuvres philosophiques, ainsi que son commentaire du
Sefer Yetsirah, et la réfutation d'un autre hérétique, le sceptique Hiwi Al-Balkhi, considéré comme le premier critique de la Bible.
En 937, Bishr ben Aaron, beau-père d'Ibn Sarjadou, obtient la réconciliation des deux ennemis. Saadia est réinvesti à son poste, qu'il occupe pendant encore cinq années. À la mort de David ben Zakkaï, vers 940, Saadia soutient l'investiture du fils de ce dernier, Juda. Juda étant lui-même assassiné quelques mois plus tard, Saadia s'occupe personnellement d'élever et d'éduquer son petit-fils.
Saadia Gaon décède à Soura le 26 Iyar 4602 (ce qui correspond au 21 mai 942). Selon une tradition rapportée par Ibn Dawd, dont la source est vraisemblablement Dossa, le fils de Saadia, ce dernier serait mort de "bile noire", sa santé ayant été minée par des maladies à répétition.
L'académie de Soura connaît alors un déclin irréversible, malgré une brève et dernière période d'éclat sous la tutelle de Samuel ben Hofni, institué en urgence par son beau-fils, Haï Gaon. Selon Ibn Dawd, l'académie de Soura, appauvrie et endettée, mandate quatre émissaires pour collecter des fonds auprès de diverses communautés. Cependant, leur bateau est arraisonné par un amiral andalou, Ibn Roumaḥis, qui les capture, et les vend à des communautés juives prêtes à payer le prix fort pour les racheter. L’un se retrouve en Égypte, l’autre en Ifriqiya, le troisième à Cordoue et le dernier, selon Graetz à Narbonne. C'est par leur biais que l'enseignement des Gueonim, ainsi que le centre du judaïsme, se serait transposé de Babylone à l'Afrique du Nord, puis à l'Espagne. Toutefois, une lettre autographe de l'un de ces mandatés, Houshiel ben Elhanan, adressée à l'un des autres captifs selon le récit, et retrouvée en 1902 par Solomon Schechter dans la Gueniza du Caire, suggère que l'histoire des quatre captifs pourrait n'être qu'un mythe étiologique pour expliquer la nouvelle prédominance des communautés d'Afrique du Nord.
OEuvre
Le
Tafsir, outre l'inauguration de l'exégèse rabbinique de la Bible hébraïque qu'il marquait, joua également une fonction importante dans l'histoire de la civilisation. Produit de l'arabisation d'une importante partie des communautés juives, cette traduction servit pendant des siècles à familiariser l'esprit juif avec la culture arabe, en un temps ou celles-ci étaient considérées comme incompatibles. Elle joua un rôle comparable à la
Septante dans l'Antiquité ou, plus tard, à la traduction en allemand de
Moses Mendelssohn, qui fut l'un des principaux vecteurs de la
Haskala. De même, avec son langage clair et sa forme rationnelle, le
Tafsir de Saadia éduqua ses contemporains et les ouvrit à la spéculation philosophique, tout en veillant à prémunir contre les arguments de sceptiques rationalistes. Réciproquement, cette traduction fit également connaître Saadia dans le monde arabe non-juif:
Massoudi, un musulman contemporain de Saadia donne des détails sur sa vie, et un auteur du
Xe siècle,
Mohammed ibn Iṣḥaḳ al-Nadim, donne, dans son
Fihrist al-'Ulum, une liste de onze oeuvres de Saadia.
- Le "Sefer haAgron" ("Livre de la Collection") fut le premier ouvrage de Saadia, composé en 913. Il se présente comme un dictionnaire double, chaque partie étant arrangée selon l'ordre alphabétique des initiales et des lettres finales respectivement. Il était conçu pour servir à la versification, dans laquelle les acrostiches et rimes jouaient un rôle de premier plan. Saadia le réédita ensuite en y ajoutant la traduction arabe de chaque mot, et inclut des passages concernant divers "sujets mémorables des poètes;" cette nouvelle mouture fut appelée "Kitab al-Shi'r." L'introduction en arabe à la seconde édition, et la préface en hébreu à la première, ont été en grande partie préservées.
- Le "Kutub al-Lughah" (Arabe: كتب اللغة; en hébreu, « Séfer tzahut ha-lachon ha-'ivrit »), ouvrage de linguistique hébraïque en douze chapitres, a pour but d'expliquer la formation grammaticale de l'hébreu. Cet ouvrage, l'un des plus anciens traités de grammaire hébraïque connus, n'est parvenu à nous que par ses fragments, plus ou moins longs préservés dans le commentaire de Saadia sur le Sefer Yeẓirah, et par son élève, Dounash ben Labrat.
- "Tafsir al-Sab'ina Lafẓah," (arabe: تفسير السبعين لفظة ; en hébreu, « Pitron chiv‘im millim ») une liste de 70 (plus exactement 90) Hapax ou mots (hébraïques et araméens) rares dans la Bible hébraïque. Saadia les explique au moyen de la littérature traditionnelle, en particulier des néo-hébraïsmes de la Mishna. Ce petit ouvrage a connu de fréquentes réimpressions.
- Il s'agit pour la plupart de courtes monographies, dans lesquelles des problèmes de loi juive sont présentés de façon systématique. De ces traités rédigés en arabe, seul les titres et quelques extraits sont connus, à l'exception du "Kitab al-Mawarith" ayant survécu sous forme de fragments plus longs.
- Un commentaire des treize principes de Rabbi Ishmael, préservés en hébreu uniquement.
- Le Hid'a mentionne également une méthodologie du Talmud en arabe, intitulée « Klalei haTalmud », comme écrite par Saadia.
- Des Responsa, n'existant pour la plupart qu'en hébreu, certains ayant probablement été rédigés dans cette langue.
Liturgie
Le "
Siddour de Saadia Gaon" est la plus ancienne tentative authentifiée de transcrire le rituel des prières juives tant pour les jours de semaine ordinaires que pour les
Sabbaths et jours fériés (bien que le premier
siddour ait été rédigé par
Amram Gaon, à la demande des communautés d'Espagne, il n'en existe pas de texte faisant autorité). Il semblerait que ce
siddour ait servi de base pour les tentatives de compilation ultérieures du rituel liturgique juif, et ait été imité par de nombreux auteurs. Le
siddour comprend également des morceaux de
poésie liturgique, ainsi qu'un commentaire en arabe. Les portions de poésie les plus notables sont les «
Azharot », sur les
613 commandements, et ont été composées alors que "Sa'id ben Yosseph," ainsi qu'il signe, n'avait encore que le titre de
alouf.
Il n'existe pas de manuscrit du texte complet, bien qu'une version quasi-complète se trouve à Oxford. Des fragments ont également été retrouvés dans la Gueniza du Caire. Une édition basées sur ces manuscrits a été publiée par Davidson, Assaf et Yoel à Jérusalem en 1941. les portions en arabe sont accompagnées d'une traduction hébraïque dans les colonnes en vis-à-vis.
- Le Sefer haemounot vehadeot (Le Livre des croyances et convictions, originellement Kitab al-Amanat wal-l'tikadat, "Livre sur les Articles de Foi et les Doctrines du Dogme"), fut publié en 934. Premier système complet de philosophie religieuse, selon Graetz, il tente d'intégrer au judaïsme des éléments de philosophie grecque. Si un tel effort avait été auparavant entrepris par Philon d'Alexandrie, l'oeuvre de Saadia eut un impact bien plus profond dans le monde juif (1989 Ivry). Inspiré par l'école motazilite dans sa méthode, comme dans son découpage et dans son choix des thèmes (Création du monde, unité de Dieu, vérité de la Révélation, justice et rétribution divine, devenir de l'âme et rédemption aux temps messianiques), l'ouvrage vise à combattre tant le scepticisme parmi les gens portés à la spéculation que le refus de s'y adonner parmi les fidéistes. Saadia y affirme la profonde compatibilité entre raison et révélation. Toutefois, en cas de conflit, la tradition doit avoir préséance sur la raison.
- Le "Tafsir Kitab al-Mabadi," une traduction et commentaire en arabe du Sefer Yetsira, écrit deux ans avant le précédent. L'un des plus anciens sinon le premier ouvrage rabbinique (et le seul à l’époque de Saadia) traitant spécifiquement de la création du monde, il en existe de nombreuses versions à l'époque de Saadia, qui présente son ouvrage comme un travail d'établissement du texte. Bien que le livre ait été ultérieurement considéré comme ésotérique, et que Saadia ne semble pas considérer la théorie de la création du monde qu'il propose comme philosophiquement sérieuse, son commentaire n'en est pas moins une défense de la doctrine de la création ex nihilo contre ses détracteurs, par voie de la raison que les philosophes grecs avaient invoquée contre elle. Il est probable, bien que Saadia ait fait abstraction, en le commentant, des spéculations théologiques du Kalâm, que les idées contenues dans ce commentaire furent à l'origine des doctrines exposées dans la première section du Emounot veDeot, dont il omettra tout de même la théorie du Sefer Yetsira sur la création lors de l'exposition des diverses opinions sur le sujet.
Ouvrages de polémique
- Trois ouvrages de réfutation des auteurs karaïtes, désignés sous le terme global de "Kitab al-Radd," le "Livre de la Réfutation," abondamment cité dans des ouvrages karaïtes ultérieurs; l'une de ces références prouve que le troisième livre fut écrit après 933:
- Le "Kitab al-Radd 'alei Anan," le "Livre de la Réfutation d'Anan", mentionné plus haut
- Le "Kitab al-Tamyiz" (en hébreu, "Sefer HaTamyiz", "Sefer haHakkarah", "Sefer HaMivḥan), le "Livre de Distinction," composé en 926, et le plus complet des ouvrages polémiques de Saadia. Il était encore cité au XIIe siècle, et de nombreux passages en sont donnés dans un commentaire biblique de Yaphet Halevi.
- Le "Kitab al-Radd 'alei Ben Saqouye," le "Livre de la Réfutation de Ben Saqouye" (que d'aucun identifie à Salman ben Yerouham), contre l'Aviv et le calcul des néoménies et fêtes, point d'achoppement majeur avec les karaïtes
- À ces livres, il convient certainement de rajouter le "Kitab al-'Ibbour," ou "Livre du Calendrier," vraisemblablement dirigé contre les Karaïtes;
par ailleurs, une glose dans le Tafsir mentionne une dispute avec un dénommé Ben Zouta, bien que c'en soit la seule trace.
- Une réfutation contre le bibliste critique rationaliste Hiwi al-Balkhi, outre ce qu'il en dit dans son Emounot veDeot. Cet ouvrage ne nous est pas parvenu;
- "Kitab al-Shara'i," ou "Livre des Commandements de la Religion."
- "Sefer ha-Mo'adim," ou "Livre des Festivals," retraçant la polémique avec Ben Meïr sur la détermination du calendrier, mentionnée supra.
- Le "Kitab al-Ṭarid" (en hébreu, "Sefer haGalouï"), écrit en arabe et en hébreu dans le même style que le "Sefer ha-Mo'adim"; il s'agit d'un ouvrage apologétique dirigé contre David ben Zakkaï et ses partisans. Dans ce livre, connu par quelques citations, il expose son lignage et tire fierté des services qu'il a rendus, en particulier dans son opposition aux hérésies.
Sa place dans l'histoire juive
Si l'histoire juive médiévale est riche en personnalités, comme
Rachi,
ibn Ezra ou
Maïmonide, qui, par leur envergure, occultent quelque peu Saadia, celui-ci n'en occupe pas moins un rôle de premier plan, tant en son temps qu'ultérieurement.
Saadia est, selon Graetz, l'initiateur de la renaissance au sein du judaïsme, dont l'un des élèves, Dounash ben Labrat, sera le promoteur en Andalousie. Il fait figure de pionnier dans la plupart, sinon tous les domaines qu'il entreprend:
- il établit une nouvelle école exégétique de la Bible, caractérisée tant par une investigation rationnelle de son contenu, traitant chaque Livre comme un tout, montrant les relations entre ses diverses sections, que par une connaissance scientifique de son langage;
- il est, selon Abraham ibn Ezra, le premier grammairien hébraïque, préfigurant une discipline qui fera le fleuron du judaïsme andalou. cependant, si Bacher souscrit à cette appréciation, d'autres chercheurs, dont Munk, pensent qu'il ne fut que le premier auteur d'un ouvrage systématique, sa grammaire elle-même étant fortement redevable à celle des karaïtes;
- son Agron est le premier ouvrage de lexicographie juive, et son intitulé désignera longtemps un dictionnaire, surtout parmi les Karaïtes;
- il est aussi probablement l'un des fondateurs de la philologie comparée, non seulement par son Livre des 70 mots, mais par son explication du vocabulaire hébreu au travers de l'arabe, n'hésitant pas à traduire des mots bibliques par des mots arabes de même prononciation;
- par la systématisation de sa présentation de la Halakha dans ses responsa, qu'il est le premier à utiliser, et qui servira de modèle à l'exégèse talmudique séfarade, par la traduction de la Mishna qui en fut sûrement un commentaire, et était encore étudiée au XIIe siècle, et par l'exposition d'un système de philosophie religieuse, Saadia annonce Maïmonide, bien que celui-ci soit fortement critique envers le système philosophique de son prédécesseur;
Les oeuvres de Saadia ont également été la source et la base d'auteurs juifs ultérieurs, comme Berakhya, auteur d'une encyclopédie philosophique, le Sefer Haḥibbour (Le livre de la Compilation).
Saadia et le karaïsme
Malgré son excellence dans des domaines si variés, ou peut-être parce que d'autres, comme Maïmonide s'y illustreront davantage, Saadia demeure pour l'histoire juive celui qui remporta la première victoire contre le
Karaïsme, bien qu'il n'ait pas été le premier à engager la lutte contre eux.
Le karaïsme, bien que n'existant que depuis un siècle et demi à l'époque de Saadia, a gagné de nombreux pans de la communauté juive, menaçant même l'existence des académies talmudiques. Dénonçant l'hégémonie du Talmud dans la pratique et la vie intellectuelle juives, son inertie (car ce qui a été décrété ne peut être défait par les générations ultérieures), ses méthodes d'interprétation de la Bible hébraïque qui s'écartent assez souvent du sens littéral des versets, quand elles ne semblent pas le contredire, et la présence en son sein de nombreux éléments de la Mythologie persane (lesquels sont au demeurant propres au Talmud de Babylone, ne se retrouvant pas dans le Talmud de Jérusalem), incompatibles avec la Torah de Moïse, les karaïtes ont développé une interprétation de la Torah se voulant basée sur le texte de la Torah elle-même, libre de toute tradition imposée, et en accord avec la raison. Bien qu'en réalité, l'interprétation que font les Ananites de la Torah soit elle-même entachée de "rabbinisme" et que son incompatibilité avec une pratique quotidienne menât à l'extinction de ce courant, l'idéal de libre exégèse, fondée sur la grammaire et le Kalam, s'est répandu d'autant plus que certaines écoles, dont celle de Benjamin al-Nahawendi, proposent de concilier cet esprit de libre-exégèse avec l'acceptation de nombreuses ordonnances et pratiques rabbiniques. Si le karaïsme avait dû s'imposer, le judaïsme oriental aurait été morcelé en une multitude de courants professant chacun une pratique différente, laquelle situation n'aurait pas été sans rappeler celle qui existait à l'époque du Second Temple, et la tradition orale aurait vraisemblablement été perdue, ce qui revenait, aux yeux des partisans du judaïsme traditionnel, dénommés Rabbanites par leurs adversaires, à perdre la Torah.
Saadia est le premier à maitriser leurs champs de prédilection, la grammaire et le Kalam motazilite, et à connaître parfaitement leur littérature, il peut, en réconciliant tradition et rationalisme, rendre son attrait à la première. Au vu de la vigueur, puis de l'acrimonie des débats, les attaques ad hominem contre Saadia, l'accusant notamment d'ivrognerie, se multiplient, surtout après sa mort. De son côté, en clamant l'hérésie, puis la non-judéité des Karaïtes, Saadia amorce le schisme entre ces deux courants du judaïsme, qui culminera plus tard avec l'excommunication des Karaïtes, considérée comme définitive par certains décisionnaires. Paradoxalement, c'est en réponse aux attaques de Saadia que le karaïsme fournit ses contributions les plus notables sur la grammaire et la linguistique hébraïque au cours du Xe siècle et de la première moitié du XIe siècle.
Notes et références de l'article
Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906, une publication tombée dans le domaine public.Bibliographie
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Voir aussi
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